Sherlock Holmes Détective Conseil : Comment aborder vos parties ?

Comme j’ai déjà pu l’évoquer ici, j’aime les jeux coopératifs, les jeux faciles d’accès, les jeux à ambiance et les jeux à déduction. La vie est bien faite : on retrouve tout ça dans Sherlock Holmes Détective Conseil et vous ne serez pas étonné de savoir à quel point j’affectionne ce jeu.

Sherlock Holmes Détective Conseil est un jeu atypique (un « OLNI » comme disent les connaisseurs), créé par Gary Grady, Suzanne Goldberg et Raymond Edwards, édité en 1981 et réédité courageusement par Ystari en 2011. Le jeu n’a rien de complexe en soi : les règles s’expliquent très aisément et j’ai eu l’occasion d’y jouer avec des amis peu joueurs mais qui se sont très vite pris au jeu.

La boîte de Sherlock Holmes Détective Conseil

La boîte de Sherlock Holmes Détective Conseil

Concrètement, il s’agit dans Sherlock Holmes Détective Conseil (« SHDC » comme disent les blogueurs paresseux) de résoudre coopérativement une série d’enquêtes. Pour cela vous allez visitez des lieux et collecter des témoignages dans un livret, un peu à la manière des livres dont vous êtes le héros. Votre « seul » rôle consiste donc à décider quel est le prochain lieu à visiter ou la prochaine personne à aller interroger.

Malgré sa simplicité SHDC est un jeu atypique qui demande, à mon avis, une approche spécifique pour ne pas entraîner trop de frustration. Voici donc les quelques vérités que j’aurais voulu qu’on me dise avant ma première partie de Sherlock Holmes Détective Conseil :

Chaque scénario n’est jouable qu’une fois.

La boîte de base en contient dix et des scénarios additionnels sont édités au compte-gouttes (vous pouvez relire sur ce blog l’interview de Stéphane Anquetil qui a écrit Les masques Africains, une enquête supplémentaire originale). Soignez donc vos parties et ne commencez pas une enquête sans être sûrs que les conditions sont réunies : le temps nécessaire et des joueurs motivés.

Le jeu est entièrement littéraire.

Pas de tactique, pas de jet de dés, pas de compétence ou de combat. Juste les intuitions des joueurs et la découverte successive des éléments proposés par le jeu.

Chaque scénario fourmille d’informations.

Il faut donc noter toutes les données recueillies : noms des personnages (des patronymes so English bien difficiles à retenir), horaires, actions, détails, tout est bon à prendre. Pour cela vous pouvez vous partager les rôles (vous lisez et notez chacun votre tour car il est complexe et frustrant de faire les deux en même temps) ou vous spécialisez vos rôles respectifs (une seule personne note l’ensemble des éléments lus par les autres). J’ai deux conseils personnels à vous donner à ce sujet :

  • Confier la responsabilité de la prise de note à un seul joueur permet d’obtenir une vision globale qu’on peut exposer à la vue de tous les joueurs (un paper board ou tableau blanc par exemple). Il est ainsi beaucoup plus facile de partager vos idées et réflexions en s’appuyant sur un schéma visible de tous plutôt que de tenter de fouiller dans vos propres notes pour retrouver le nom du neveu de l’amant du collègue de la victime.
  • Organisez votre prise de note sous une forme évolutive plutôt que simplement chronologique. Il sera alors beaucoup plus facile d’adapter l’affichage des informations recueillies au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête. En effet, impossible de savoir à la première lecture si cet indice ou ce personnage sont secondaires ou totalement centraux. Je suis adepte d’une prise de note au format carte heuristique (ou « mind mapping » comme disent nos amis d’outre-manche). Des post-it peuvent aussi faire l’affaire.
  • Notez bien chaque lieu visité (ça permet de compter votre score) avec ses références géographiques. Si vous avez oublié une information lue plus tôt, n’hésitez pas à retourner lire un lieu précédent.

En fait, je vous conseille fortement de procéder comme le font vos héros de série policière préférés : avec un grand tableau couvert de notes. En plus de vous mettre dans l’ambiance, cela assurera une bien meilleure communication au sein de l’équipe. Mais reste à trouver un bon scribe organisé et facile à relire. Cela ne doit pas empêcher les autres joueurs de prendre leurs propres notes en complément ou si ça les aide à réfléchir.

"On y voit tout de suite beaucoup plus clair" (image extraite de la série Homeland)

« On y voit tout de suite beaucoup plus clair » (image extraite de la série Homeland)

Vous êtes libres de votre progression.

Même si SHDC emprunte globalement la forme d’un livre dont vous êtes le héros, il s’en distingue par un principe clé : vous n’êtes pas guidé dans votre progression. Sur la base de l’annuaire fourni, c’est à vous seuls de décider où vous rendre et dans quel ordre. Tous les lieux sont en réalité accessibles dès le lancement de l’enquête (même si les indices sur l’existence même de ces lieux seront découverts au fur et à mesure).

Les réponses ne sont pas écrites noir sur blanc.

C’est surement l’information qui nous a le plus manqués lors de nos premières enquêtes et la raison principale de rédaction de ce billet. Dans SHDC, il ne faut pas compter trouver le lieu qui donne la solution définitive de l’enquête en cours. Au contraire, le jeu consiste justement à recueillir un faisceau de présomptions suffisant pour décider d’aller affronter le grand Sherlock Holmes sur son propre terrain : la déduction !

La série de questions présente à la fin du livret sert dans ce sens : quand vous estimez avoir une explication étayée de l’affaire, courez la lire. Si vous ne savez pas répondre à la majorité des questions de la série principale, c’est que vous faites fausse route. Prenez le temps de pousser un peu plus loin vos investigations.

Ne laisser pas l’ennui s’installer.

Dans nos premières enquêtes, il nous est arrivé de chercher à explorer l’ensemble des pistes disponibles jusqu’à l’épuisement de l’ensemble du livret. Sans jamais pour autant tomber sur la réponse définitive attendue (comme je disais ci-dessus). Mon conseil : décidez préalablement d’un temps d’enquête (une durée de deux heures me parait une bonne estimation du temps nécessaire à la majorité des enquêtes) et, au bout du temps imparti, rendez-vous chez Sherlock Holmes. Cela évitera de finir le jeu lassé et frustré.

Le score n’est pas le but.

À mon avis, SHDC est un jeu ou le score n’a particulièrement aucune espèce d’importance. Ce qui compte, c’est l’histoire vécue et les échanges autour de la table. La réussite ou non d’une enquête tiendra à des détails (information non vue dans un journal, piste explorée plus tôt ou plus tard d’une équipe à l’autre) qui ne changent rien à l’expérience vécue.

 

Je pourrais compléter cette liste avec des conseils pour mieux jouer mais comme je viens de le dire, l’important n’est pas le résultat c’est le chemin (comme disent les disciples de Lao-Tseu). Évitez tout-de-même, comme ça nous est arrivé, de se rendre compte au bout d’une heure que vous n’avez toujours pas exploré les lieux du crime ni interrogé l’épouse de la victime !

À votre tour de vous essayer à égaler le fin limier de Baker Street.

 

À voir aussi :

 

Crédits photos :

  • Holmes!!… by dynamosquito (Flick Creative Commons)
  • Couverture de la boîte du jeu (éditions et droits Ystari)
  • Image extraite de la série Homeland
  • La trahison des images par René Magritte (1928-29)

Une réponse à “Sherlock Holmes Détective Conseil : Comment aborder vos parties ?”

  1. Nguyen S. dit :

    Avec « des patronymes so english bien difficiles à retenir » ?
    Essayez donc les noms asiatiques pour voir :-(

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