Calculer c’est grossier
Du tac-o-tac
Impatiente contre impatient, les parties à la maison se pratiquent en mode « blitz« . Pas de temps mort, la réflexion est réduite à sa plus courte expression. Les coups s’enchaînent, judicieusement ou non mais toujours tambour battant.
D’ailleurs dès que l’une des deux s’éternise, l’autre la rappelle à l’ordre. « Alors tu joues ? ». Sous-entendu : pendant que tu réfléchis, tu ne joues pas. Et moi non plus.
Monopolitesse
Le plaisir ludique est volatil. Il est aussi partagé. Pendant la partie, je veille autant à mon propre fun qu’à celui des autres joueuses, adversaires dans le jeu mais partenaires dans l’activité.
Mettre la partie en pause pour réfléchir tout mon soûl n’aboutit qu’à une ivresse ludique bien égoïste. Ce temps est volé à mes adversaires, ne leur laissant d’autre choix que de se désintéresser temporairement de la partie en cours. Plus je m’immerge dans mon jeu, plus j’éloigne les autres joueuses du leur.
Arriver en retard, faire attendre, prendre toute la place, imposer son tempo. Autant d’accrocs à la bienséance qui en temps normal font de vous l’inopportun, le malotru, bien vite exclu des festivités. Ne devrait-il pas en être de même dans le jeu ?
Analysis parasitis
Alors certes, en entrant dans le jeu, on accepte implicitement ces termes. On se soumets aux règles du jeu et aux règles sociales qui en découlent. Parmi celles-ci et en bonne place : prendre le jeu au sérieux. jouer pour tenter de gagner, s’engager dans l’enjeu. Pour un jeu calculatoire il s’agirait donc de… calculer.
Calculons donc. Mais dans les paramètres de ce calcul, ne perdons pas de vue le temps qu’on prend pour soi au détriment des autres. Restons à l’écoute du plaisir commun et fixons ensemble (avant la partie ?) les limites à ne pas dépasser.
Au pire cela fournira une excuse toute trouvé pour les futures défaites.
L’image en une de cet article présente le jeu Pendulum et est propriété de l’éditeur Stonemaier Games
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